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Un client à l'honneur

Rencontre avec Gie Verbunt, CEO d’IZEN

"Mon objectif était d’assurer la continuité de l’entreprise. Et j’y suis parvenu: je suis un homme heureux!"

Faire d’une entreprise jeune et engagée, active dans le domaine des technologies énergétiques durables, le plus grand installateur belge de panneaux solaires: tel est le défi que Gie Verbunt et deux autres jeunes écologistes se sont lancé. Cela fait maintenant plus de trente ans qu’IZEN s’efforce de mettre de l’énergie renouvelable de qualité à la disposition de tous.

En août de cette année, l’entreprise a été vendue au groupe français VINCI.

Nous avons eu une discussion à cœur ouvert avec Gie, un entrepreneur pur et dur qui accorde bien plus d’importance aux valeurs de son entreprise et à la passion de ses collaborateurs qu’aux chiffres.

Pouvez-vous nous présenter IZEN en quelques mots?

Eh bien, pour moi, IZEN est bien plus qu’une simple entreprise. Pour le comprendre, il faut remonter aux premières années d’activité. À une époque mouvementée, en 1987 plus précisément, nous nous sommes lancés dans une entreprise, une coopération dont l’approche était en réalité très socialiste. Nous étions avant tout des écologistes et nous voulions surtout agir sur le plan sociétal. Toujours très proprement. Nous n’avons par exemple jamais travaillé avec des chaudières au gaz ni avec des combustibles fossiles.

Après quatre années "d’activisme", le moment était venu de faire plus que simplement protester. Un quasi-hasard a fait que nous avons décidé de nous lancer dans les énergies renouvelables – qui, à l’époque, étaient encore des énergies alternatives. Ce choix m’a en grande partie été dicté par ma formation d’ingénieur en construction, en technique environnementale et en gestion de l’environnement.

À une époque, le secteur des énergies renouvelables a connu une croissance spectaculaire sous l’effet des certificats verts. Toutefois, lorsque cette forme de subsides a été supprimée, de nombreuses entreprises du secteur ont fait faillite. Mais nous n’étions pas des "business men" ordinaires. Nous avions une foi inébranlable en notre mission. Nous avons continué à nous amuser et à investir, même si cela rapportait moins et que, certaines années, nous avons même essuyé des pertes. Dans les années qui ont suivi, nous nous sommes essentiellement consacrés à l’innovation.

Ces 5 dernières années, le marché est reparti à la hausse et nous renouons avec la croissance. Qui plus est, après plus de 30 ans, nous exerçons aujourd’hui notre activité de manière professionnelle. Mais les bons résultats que nous réalisons, nous les devons avant tout à l’ambiance, à l’enthousiasme, à l’énergie positive qui règnent aujourd’hui encore dans notre entreprise… C’est ce qui fait notre force, c’est ce qui explique notre progression. Vous pouvez demander à n’importe lequel de nos collaborateurs – comptable, réceptionniste, ingénieur – pourquoi il travaille chez IZEN. Ce n’est pas pour les salaires élevés que nous offrons, mais bien pour l’ambiance et l’effervescence qui règnent dans l’entreprise, la passion qui nous anime, les valeurs que nous partageons et l’aventure que nous vivons au quotidien. C’est ça IZEN pour moi!

En l’espace de 30 ans, vous êtes devenu leader du marché belge et acteur du top 5 du marché néerlandais, une performance dont vous pouvez être très fier. Quel est le secret de votre réussite?

Eh bien, la réussite est venue tout naturellement. Alors que le marché était en train de s’effondrer complètement, nous sommes parvenus à garder nos collaborateurs. Quand, trois ans plus tard, le marché a commencé à remonter, nous n’avons pas dû repartir de zéro, nous avions la meilleure arme qui soit: une équipe invincible. Nos collaborateurs sont notre plus grande richesse. Nous avions tous des idées à revendre. Et une entreprise qui réussit à valoriser les idées de ses collaborateurs devient réellement puissante!

Comment et quand l’idée d’une vente vous est-elle venue?

Elle m’est venue avec l’âge. Il était de temps de penser à ma succession. Nous avons d’abord essayé à plusieurs reprises d’organiser un management buy-out dans une optique de continuité, mais ces tentatives n’ont jamais rien donné.

Nous avons alors reçu des demandes en provenance du marché. VINCI a été la première, puis d’autres ont suivi.

Nous avions déjà vendu l’entreprise une première fois en 2006, puis nous l’avons rachetée en 2008, et nous savions donc très bien à quoi nous attendre. Pour moi, ça avait été une période horrible. Je n’avais donc pas vraiment hâte de repasser par ça. Pourtant, nous avons décidé d’envisager à nouveau la vente. Il fallait assurer la continuité. 

Comment avez-vous préparé la vente de votre entreprise, et auprès de qui avez-vous pris conseil?

Nous avons appris par Danny De Jonge, associé chez Grant Thornton, que l’équipe Transaction Advisory de Grant Thornton pouvait nous accompagner tout au long de ce processus. C’est ainsi qu’a démarré la collaboration avec Steven, Peter, Marc et Tim.

Les conseillers de Grant Thornton avaient une approche très technique, très professionnelle aussi, et ce, tant en ce qui concerne les chiffres que les lettres. Forts de leur grande expérience, ils nous ont accompagnés tout au long du processus. Cela nous a évité pas mal de soucis. Contrairement aux conseillers qui étaient à nos côtés lors de la précédente transaction, ceux de Grant Thornton ne pensaient pas qu’à facturer. Ils ont procédé de manière rentable. La collaboration nous a également donné le sentiment de traiter d’égal à égal. C’était pour moi la meilleure façon de faire, la plus honnête. Je le resignerais sans hésiter.

Quel a été le rôle de Grant Thornton durant ce processus de vente?

Nous savions déjà en quoi le processus consisterait, puisque nous étions déjà passés par là en 2006. Mais ce qui est vraiment important, c’est que quelqu’un prenne la direction des opérations. Que votre conseiller vous accompagne tout au long des différentes étapes, et qu’il vous dise ce que vous devez faire et à quel moment, qu’il veille à ce que le processus suive son cours, de façon à ce que vous puissiez vous concentrer sur la direction journalière de votre entreprise. De temps à autre, il vous arrive de jurer, parce que votre conseiller a de nouveau besoin d’autre chose, mais en fin de compte, cela vous procure un sentiment de tranquillité. Vous pouvez dormir sur vos deux oreilles. Vous avez quelqu’un qui s’occupe de tout, c’est là que réside la véritable valeur ajoutée.

Combien de temps le processus a-t-il duré au total?

Le processus a finalement duré beaucoup plus longtemps que prévu. Il y a en effet de nombreuses parties impliquées et les retards s’accumulent.

C’est également une opération qui poursuit un double objectif. D’un côté, il y a tout un tas de choses à analyser, à évaluer et à négocier sur le plan technique. De l’autre, il faut également aller "fouiner" chez l’autre partie pour voir si tout se passe bien ou s’il n’y a pas anguille sous roche. Une fois que vous avez établi une relation de confiance et que vous êtes convaincu que tout ira bien, cela peut aller vite.

Comment se sont déroulées les négociations avec les différents acheteurs potentiels, et comment avez-vous finalement décidé à qui vous alliez vendre?

Sur les six candidats, trois sont passés par Grant Thornton. J’avais déjà écarté personnellement les autres parce qu’ils ne voulaient pas reprendre IZEN dans son ensemble.

Finalement, le choix dépend en grande partie de l’impression qu’il y a une compatibilité culturelle. Je retrouve par exemple chez VINCI une ambiance très proche de la nôtre, mais aussi une grande transparence et une bonne dose d’humour.

Qui plus est, ils sont organisés de la même manière. Ils fusionnent différentes entreprises et les répartissent en business units. Chaque business unit est une petite entreprise en soi, une équipe avec un budget et les responsabilités d’une entreprise. Nous ne voulions en effet pas renoncer à cette organisation horizontale, à l’autonomie des équipes.

Je suis convaincu qu’avec VINCI, nous avons fait le bon choix.

Quels enseignements en avez-vous tirés?

J’ai surtout tiré des leçons de la première vente. J’ai appris à me montrer très critique dès le départ et à me montrer intraitable sur les aspects que j’estime cruciaux, comme l’autonomie. C’est également une des raisons pour lesquelles nous avons, dans un premier temps, procédé à une vente partielle. Et VINCI respecte notre point de vue.

En tant qu’entrepreneur, vous avez sué sang et eau pour développer votre société. Aujourd’hui, vous la vendez, comme s’il s’agissait de votre propre "enfant". Comment vivez-vous cette vente sur le plan humain?

Je la vis bien. Premièrement, je n’ai pas tout fait tout seul. J’ai contribué à son développement, sans doute dans une large mesure, j’ai été une sorte de fil conducteur tout au long de ces trente années, mais cela ne reste qu’un rôle parmi d’autres.

Deuxièmement, un regard rationnel s’impose. En tant qu’employeur, vous avez la responsabilité importante de veiller à ce que tout se poursuive, à ce que les collaborateurs puissent continuer à travailler dans les mêmes conditions, à ce qu’ils puissent continuer à s’épanouir. C’est l’une des valeurs de notre entreprise à laquelle j’ai toujours été très attaché, aujourd’hui plus encore.

Dès le moment où vous avez le sentiment d’avoir assuré cette continuité, vous ne pouvez être que content! Mes épaules sont à présent libérées d’un poids important. J’ai plus d’énergie qu’il y a un an d’ici.

Quels sont vos projets et ambitions pour après 2021?

Nous avons convenu que je poursuivrais mes activités et que j’assumerais mes engagements jusqu’à la fin 2021. Ensuite, nous verrons si je continue encore un peu. Attention: j’entends m’engager uniquement si ma santé physique et mentale le permet. Je veux pouvoir me mesurer aux jeunes. Aussi longtemps que ce sera le cas, je continuerai. 

Je n’ambitionne pas de faire autre chose. Je n’ai fait que ça toute ma vie. Je suis passionné, pas "pensionné", je veux le rester aussi longtemps que possible. 

Enfin, quel conseil donneriez-vous à vos collègues-entrepreneurs qui se préparent à un tel processus?

Je peux difficilement les conseiller, car chaque cas est différent. La continuité était cruciale à mes yeux. D’autres privilégieront peut-être le profit. Ce sont des objectifs totalement différents.

Le seul conseil que je peux donner est le suivant: en tant qu’entrepreneur, faites appel à l’aide de spécialistes expérimentés, comme je l’ai fait avec Grant Thornton. Ils m’ont particulièrement bien aidé à atteindre mon objectif.

Mon objectif était d’assurer la continuité de l’entreprise, et j’y suis parvenu: je suis un homme heureux!

Les actionnaires d’IZEN ont fait appel aux services de conseils en transactions de Grant Thornton.

Pendant plus d’un an, notre équipe spécialisée les a accompagnés tout au long du processus de vente. Nos conseils les ont aidés non seulement à valoriser l’entreprise et à constituer le mémorandum d’information et le databook, mais aussi à contacter la liste restreinte de candidats repreneurs, à négocier avec les différents candidats et à mener à bien le processus de due diligence. Enfin, notre équipe juridique a été sollicitée pour toutes les formalités imposées par la loi, de la lettre d’intention aux documents relatifs à la clôture de la transaction.